top of page

La Fontaine Amont

Source Paramelle

Accès et situation de la fontaine:

Depuis le pont à l'entrée du village, suivre la rue principale et traverser le village jusqu'au panneau "Stop". Prendre à droite, puis passer devant le cimetière et continuer la route sur 2.5 km.  La fontaine indiquée par un panneau bois est sur la gauche.
Une table et ses bancs vous permettrons de vous reposer ou pique-niquer (merci de laisser l'endroit propre).

La fontaine Amont placée au centre de diverses et saisons de culture formant le territoire d’Autigny La tour, quoi qu’éloignée de 2.500 m environ du village est cependant d’une très grande utilité pour les habitants, surtout dans le moment des travaux, vu qu’elle leur offre par les arbres touffus dont elle est environnée, un abri contre les chaleurs d’été et en même temps une eau claire et abondante très précieuse pour les désaltérer ainsi que pour abreuver et baigner leurs troupeaux et leurs autres bestiaux.

Historique et description de la fontaine en l'an  1824:

Cette fontaine est composée d’une simple voûte de 1,3m de profondeur en maçonnerie de pierre de taille adossée aux termes et recouvrant un bassin dans lequel se déchargent deux canaux en pierre, amenant les sources. La hauteur de cette voûte sous la clef est de 1,90m depuis le fond du bassin.

Les eaux passent du bassin dans un autre bassin de 3m sur 1,60m destiné à l’abreuvement des troupeaux qui peuvent également descendre dedans et s’y baigner. Entre les deux bassins existe une auge en bois que les cultivateurs remplissent lorsqu’ils veulent abreuver leurs chevaux.

La maçonnerie de la voûte est prête à tomber, les eaux pluviales découlant des terres contre lesquelles elle est adossée pénètrent de tout côté et troublent les eaux de la source par le limon dont elle est fort chargée, ce qui donne à ces eaux un goût désagréable.

Les canaux en pierre amenant la source étant probablement obstrués ou rompus par suite des mouvements du terrain, une partie des eaux passent à côté du réceptacle.

L’auge en bois, placée au devant est totalement pourrie. Le pavé autour du bassin au gayoir est presque totalement culbuté et l’eau se perdant à mesure qu’elle arrive. Ce bassin ne peut plus servir à sa destination.

Délibération du conseil municipal du 12 mai 1824 pour la restauration de l'ouvrage:

Ce jourd’hui douze mai dix huit cent vingt quatre

 

Le conseil municipal de la commune d’Autigny La Tour réuni en cession ordinaire

Considérant qu’il existe sur le territoire d’Autigny une fontaine dit à la fontaine amont, qu’il existe autour de cette même fontaine, une plantation d’arbres où les troupeaux communs vont s’abreuver et se reposer pendant les chaleurs.

Que le récipient de cette fontaine perd les eaux de même que l’abreuvoir, que l’auge en bois qui est posé est en mauvais état, et qu’il instant de le remplacer par un auge en pierre.

Qu’après avoir pourvu aux objets désignés dans les délibérations précédentes, la commune pourra encore disposer sur le prix des deux coupons de son quart en réserve vendu pour les ordinaires 1823 et 1824, une somme de douze cents francs qui sera suffisante.

En conséquence le conseil municipal d’Autigny La Tour délibère de pourvoir aux dites réparations. Charge le maire de transmettre la présente à Monsieur le Préfet avec prière d’accord et l’autorisation nécessaire.

Fait et délibéré en conseil les an et jour avant dit sous les seings des membres présents.

 

Le maire : Jean Nicolas GALAND

Dimension des ouvrages à faire et détails d'exécution (18 avril 1825):

La voûte actuelle sera entièrement démolie. Le terrain qui l’environne ainsi que le gayoir sera déblayé et aplani suivant un rectangle ayant quatre mètres  de large sur huit mètres de longueur afin d’empêcher le limon ou autres ordures qui découlent avec les eaux des terres environnantes de s’amonceler autour des constructions, la hauteur moyenne des déblais à faire est de cinquante centimètres. L’axe du rectangle suivant lequel le terrain sera aplani devra être le même que l’axe de l’ensemble de la construction à refaire.

Lorsque la démolition de la voûte sera effectuée, on reconnaîtra s’il est nécessaire de découvrir les canaux en pierre par lesquels arrivent la source et qui dans ce moment paraissent obstrués.

Le bassin que la nouvelle voûte recouvrira aura intérieurement deux mètres de long sur autant de large : la hauteur de trois murs d’enceinte supportant la voûte sera de 1,40m jusqu’aux naissances et sera composée de quatre assises de trente cinq centimètres de hauteur, formées chacune de deux blocs de pierre seulement. L’épaisseur des murs sera de quarante centimètres. La voûte surmontant les piedroits sera en plein cintre divisée en cinq voussoirs ayant à la douelle 0,31 centimètres de développée : la clef seule aura 0,33 centimètres. Tous ces voussoirs seront garnis d’une crossette de trois centimètres de longueur sur quatre d’épaisseur destinée à recouvrir les joints par lesquels les eaux pluviales pourraient pénétrer dans le réceptacle et en troubler l’eau comme aujourd’hui.

Le fond de la voûte sera fermé par deux morceaux arrondis dans leur partie supérieure suivant la courbe de l’intrados et liée entre eux par un tenon de six centimètres de coté et d’autant de longueur pénétrant dans une mortaise conservés l’un et l’autre dans l’épaisseur, dans deux morceaux qui en outre seront encastrés dans une feuillure de deux centimètres de profondeur pratiquée dans la douelle de chaque voussoir, afin de mieux résister à la poussée des terres qui dominent cette voûte.

Toute cette construction sera rejointoyée avec soin en mortier de chaux maigre et ciment et aura pour fondation le roc sur lequel est établi la voûte actuelle : toute la pierre employée sera parfaitement garnie et sera parementée avec soin de manière à n’offrir ni flaches, ni écornures.

Le devant de cette fontaine à partir du fond du bassin sera fermé par une margelle de vingt centimètres d’épaisseur et ayant quatre vingt dix centimètres de hauteur sur deux mètres dix de largeur compris de cinq centimètres à chaque bout qui s’encastreront dans une feuillure conservée dans le piedroit.

Au dessus de cette margelle et jusque dans la clef de la voûte il sera posé deux vantaux en bois de chêne de quatre centimètres d’épaisseur ferrée, chacun de deux pentures avec gonds à repos ayant chacun cinquante centimètres de longueur sur trois de largueur et cinq millimètres d’épaisseur, maintenus par cinq rivets. Cette menuiserie destinée à empêcher les enfants à remplir de pierraille et d’ordures, le réceptacle sera encastré de toute son épaisseur dans une feuillure en latte conservée dans le piedroit et le pourtour de la voûte, elle fermera au moyen d’une serrure ordinaire et sera revêtue sur les deux parements de trois couches de couleur bois à l’huile.

Les terres de chaque côté de cette fontaine seront soutenues par deux petits murs en maçonnerie de pierre sèche ayant chacun un mètre dix de longueur sur un mètre trente de hauteur et cinquante centimètres d’épaisseur. Ces murs auront sur leur hauteur un trait de quinze centimètres d’épaisseur et seront recouverts d’une tablette en pierre de taille de quinze centimètres d’épaisseur et de quarante centimètres de largeur.

Les deux auges en pierre placées au devant de cette fontaine et dans lesquelles se rendront les eaux de la source proviendront de la carrière de Chalvraines, elles auront chacune deux mètres de longueur sur 0,60 de largeur et 0,90 de hauteur à l’extérieur. Elles seront évidées sur 1,80 de longueur, 0,40 de largeur et 0,30 de profondeur, elles seront posées dans un massif de maçonnerie de moellons ayant trente centimètres d’épaisseur et saillant de dix centimètres de chaque coté des auges.

Dans la partie supérieure du bord des auges on creusera un petit chenal de cinq centimètres de profondeur qui sera retenu d’une feuille en plomb afin d’établir la communication des eaux à la source dans ces auges de là dans le gayoir placé à la suite.

Le gayoir actuel sera entièrement démoli et le fond de cette construction étant bien nivelé et nettoyé on étendra une couche de terre grasse ou corroi de vingt centimètres d’épaisseur qui sera bien foulée et battue à la dame sur cette couche, ainsi établie avec soin on posera le pavé actuel dont on rafraîchira la fouille à bain soufflant de mortier, de ciment et de chaux. On reposera ensuite les margelles existantes dont on coulera avec soin les joints avec une couche de chaux et de ciment.

On posera en outre à l’extérieur et tout autour des margelles du bassin une couche de dix centimètres de corroi bien forte et damé avec soin.

L’ancien canal de décharge de ce gayoir est perdu de sorte qu’aujourd’hui les eaux se répandent sur les terres adjacentes ce qui gêne la culture. On fera la recherche de ce canal et on rétablira partout où il sera nécessaire les travaux ainsi que ceux relatifs à la réparation des canaux qui amènent la source et à la recherche des sources elles mêmes dont une partie semble avoir pris une autre issue seront effectués au moyen d’une somme à valoir, portée dans ce but à la fin du détail estimatif.

Nature et qualité des matériaux

- Le sable : proviendra de la sablière d’Autigny à 1.500 de distance, il sera bien purgé de terre et de gravier.

- La chaux : proviendra du four de Jubainville et de Morville : elle sera bien choisie, récemment cuite et de la     qualité d’une chaux maigre.

- Le mortier : Se composeront d’un tiers de chaux et de deux tiers de sable : ils seront corroyés à force de       

   bras et avec la seule eau nécessaire au mélange des matières.

- Le moellon : sera pris aux carrières d’Autigny à 2.500 de distance : il sera choisi avec soin et de tout 

   échantillon.

- La pierre de taille : sera prise à la carrière de Rebeuville à 1.000 de distance : elle sera choisie avec soin et

  devra ne présenter après la taille ni tendres, moges, ni flaches, ni gaufrures.

Quelques termes techniques

CHENAL : Passage étroit naturel ou artificiel permettant de naviguer entre des écueils, des îlots, etc..

CINTRE : Architec : Courbure intérieure d’un arc ou d’une voûte. En plein cintre, qui forme un demi-cercle

CLEF : Architec. : Clef de voûte, claveau central d’un arc, d’une voûte, point ou élément essentiel d’un

             système.

CORROI : Trav publ. Couche de terre glaise tassée ou de béton rendant étanche une paroi, une berge.

CROSSETTE : Architec.  Saillie horizontale des voussoirs qui les empêche de glisser sur les pierres voisines.

DAME : Outil de paveur à un anse servant à tasser le sol.

DEMOISELLE : Outil de paveur à deux anses servant à tasser le sol.

DOUELLE : Architec Parement intérieur d’un voussoir.

ECORNURE : Morceau enlevé d’un objet écorné.

FLACHE : Creux déformant l’arête d’une porte due à un équarrissage inégal, partie affaissée d’un dallage.

GAYOIR : Mare pavée

INTRADOS : Architec. Face intérieure concave d’un arc ou d’une voûte.

MOGE : Partie tendre d’une pierre

PIEDROIT OU PIED DROIT : Architec. Partie du trumeau d’une baie, soutènement d’une voûte.

La Fontaine Amont a de nouveau été restaurée une seconde fois au début des années 2000 avec la construction du grand bassin.

Merci aux archives départementales, à Françoise Pierrot et
à M. Tollot pour avoir aidé à déchiffrer ces pages.

bottom of page